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Mot de l'éditeur

Charles Vincent

Notre reportage

Maudit hiver!

Dès les premiers jours du mois de novembre, les Québécois ont la mine basse. Ils savent ce qui les attend. Ils savent ce qu'il faudra comme énergie pour «passer à travers», comme disait Desjardins. Puis viennent les premières bordées, les premiers embouteillages. Le Québec ne parle plus maintenant que d'accumulations, de facteur vent, de pneus d'hiver, de visibilité, plus ou moins passable. Et c'est alors que, d'une seule et même voix, les Québécois entonnent un joyeux «Maudit hiver!»

La chose a beau se répéter d'année en année, et ce, depuis des siècles, il semble qu'on ne s'y habitue pas. L'hiver dérange. L'hiver fait maudire (et «mots dire»). Il nourrit les conversations, libère les frustrations. L'hiver a le dos large.

Comment se fait-il qu'on en soit encore là 475 ans après l'arrivée de Jacques Cartier et 401 ans après lafondation de la première Abitation de Champlain?

La question est lancée. Les Québécois forment-ils un peuple d'éternels «chialeux», qui envisageraient l'hiver comme un exutoire collectif? Ou ont-ils tout simplement été incapables de composer avec les éléments,de les intégrer à leur culture, à leur quotidien, à leurarchitecture?

Pour creuser la question, nous avons réuni un groupe de citoyens, de même que des spécialistes d'horizons divers. Si les défenseurs inconditionnels des bienfaits hivernaux sont peu nombreux, il n'en demeure pas moins que leurs arguments font réfléchir. L'hiver a du bon. Mais encore faut-il se donner la peine de l'envisager. Et, pour ce faire, il est un passage obligé, celui de vider son sac, de confronter son «démon», ce qui ne saurait se faire autrement qu'en cassant du sucre sur le dos de l'hiver. Et, oui, on ne s'en sort pas!

Bienvenue dans le paradoxe québécois.